Faut-il vouloir tout contrôler ?

A cette question, comme à tant d’autres, beaucoup vont répondre « non » sans remettre en question cette déclaration automatique.

Derrière le refus de la quête de contrôle se cachent des superstitions et des a-priori généralement illogiques.

En voici 3 que nous allons aborder :

1 – Il n’y aurait plus aucune surprise

L’univers semble être de nature aléatoire et extrémiste. Ce que nous prenons pour des probabilités ne sont que des projections basés sur des biais interprétatifs, ce qui rend irréaliste toute tentative de prédiction future précise à 100%.

Cela doit-il décourager l’effort de planifier ses projets, de prévoir l’imprévisible et de se créer un avenir ? Si le Chaos qui anime le réel nous inquiète, quelle est l’attitude la plus saine à adopter ? S’éteindre ? Ou lutter coûte que coûte et réaliser ses rêves ?

La seconde réponse me paraît la plus intéressante, la plus stimulante, et elle implique de se confronter à l’imprévisible, de jouer avec lui, de le dompter pour ses intérêts propres. Chercher à en devenir maître plutôt que soumis.

Littéralement TOUT contrôler est aujourd’hui une impossibilité technique (à ma connaissance). Mais véritablement avoir pouvoir sur tout et toute chose n’empêcherait en rien la surprise, l’imprévu, l’inattendu, dans la mesure précise de nos attentes. Si nous pourrions vraiment dominer le Chaos, alors nous serait-il possible aussi, de temps en temps, de lui laisser un peu de champ libre.

S’autoriser des moments de folie créatrice, un instant de rêverie en écoutant une musique passionnante, l’abandon volontaire de son corps au plaisir de son partenaire, une crise de fou-rire entre amis… dans des espaces-temps appropriés. Des plages de non-contrôle volontaires, qui restent donc, paradoxalement, sous contrôle.

Célébrer ces instants avec choix, n’est-ce pas une marque de réel pouvoir ?

2 – Si c’est arrivé c’est que ça devait arriver

Cette expression courante évoque une hypothétique et indiscernable volonté supérieure qui aurait guidé l’événement en question. Qu’on l’appelle Chaos, Destin, Dieu ou Hasard (ce dernier étant le meilleur moyen de ne pas avoir à se poser la moindre question), l’idée reste la même : nous serions les pantins de forces qui nous dépassent, et, puisque nous ne pouvons lutter, nous devrions tout faire pour accepter, lâcher-prise… comprendre : se résigner.

Que ce soit dans un contexte de joie ou de peine, pour un événement heureux ou désastreux, chaque fois que quelqu’un répète cette expression il affirme en fait sa nature de victime, son incapacité et son refus de faire les efforts nécessaires pour devenir un acteur du monde réel.

Un superbe prétexte pour ne pas grandir, ne pas se responsabiliser et ne pas développer de contrôle sur sa vie et son environnement.

Une telle attitude peut-elle vraiment être saine ?

3 – Le pouvoir corrompt et détruit

A l’inverse, nombreux pensent que c’est justement la quête de pouvoir, qu’elle soit interne (se maîtriser) ou externe (maîtriser le monde) qui est malsaine.

Après tout, si le monde va si mal aujourd’hui c’est à cause de la course au profit non ? C’est à cause des égoïstes qui veulent profiter de la réalité au mépris des pauvres qui n’ont jamais eu de chance n’est-ce pas ? Et puis de toute façon ce sont « tous » les mêmes hein ?

Si les journaux nous le disent c’est que ça doit être vrai. La preuve, même dans les films les méchants sont toujours ambitieux, assoiffés de pouvoir, des industriels ou des chefs politiques évidemment véreux et cruels. Et personne ne veut être pris pour un méchant, pour un vrai méchant s’entend.

On préfère s’identifier au gentil voyou, pauvre, au sale caractère mais au cœur tendre ou a la princesse des rues, capricieuse et écervelée… des rebelles sans cause envers des ennemis la plupart du temps imaginaires et qui iront sacrifier leur vie dont ils ne veulent rien tirer pour une cause abstraite mais que l’on dira noble.

Reconnaissez le fait que l’industrie artistique, de même que le monde médiatique, est orienté pour plaire aux masses.

Une population de fainéants amorphes ne veut surtout pas se remettre en question. Ils veulent qu’on les brosse dans le sens du poil, qu’on leur répète qu’ils ont raison d’être malheureux, que c’est la faute des puissants et que de toute façon, ils ne peuvent rien à faire. A moins peut-être de se cacher derrière des symboles falsifiés en célébrant le fascisme de l’anonymat.

Rien n’a changé depuis l’époque ou Guignol tapait sur le gendarme, à la satisfaction cathartique de spectateurs infantilisés.

Le mal ce n’est pas une poignée d’ambitieux parfois maladroits (comme le sont tout être humain). Le mal c’est l’immense majorité des gens qui ne cherchent pas à développer par et pour eux-même leur capacité à agir pour leur intérêt, avec fierté, le visage découvert et le regard lumineux. Ce sont tous ces démagogues qui prétendent agir pour « le bien commun » (parce qu’ils ne sont pas « méchants » vous savez hein…) au lieu de s’occuper de leur propre corps, leurs propres proches et leurs propres rêves.

• Vous le devez à vous-même

Ne pas choisir est déjà un choix.

Si vous n’orientez pas consciemment votre vie vers l’acquisition de plus de maîtrise, c’est que vous autorisez à autre chose ou à quelqu’un d’autre d‘en prendre le contrôle.

Ballotté d’imprévus en imprévus, guidé par une force mystérieuse ou victime d’un Système corrompu, c’est VOTRE vision des choses qui déterminera qui vous êtes et ce que vous retirerez de votre vie.

Absolument tout diriger n’est pas faisable, mais y aspirer est louable, car cette attitude, cet engagement de vie, développera en vous une attitude de combattant.

Vous ne craindrez alors plus le Chaos mais le célébrerez comme une opportunité de dépassement et d’enseignement. Patiemment alors votre flamme intérieure se renforcera et vous verrez, petit à petit, vos rêves se réaliser, non pas par une obscure et foireuse Loi d’Attraction, mais parce que vous aurez pris l’habitude de combattre, tous les jours et avec toutes vos forces pour devenir un élément important de ce monde.

Vous réaliserez ainsi que vos désirs sont en vous pour être manifestés et non fantasmés, que l’Egoïsme vous enseigne la sagesse de toujours apprendre, que la matière est un terrain de jeu à célébrer avec innocence et que cette planète existe pour être magnifiée… par VOS œuvres !

Si vous comprenez et aspirez à cette expérience, soyez donc les bienvenue sur ce qui, traditionnellement, s’appelle la Voie de la Main Gauche.

Qu’aimeriez-vous changer et comment  acquéreriez-vous le pouvoir nécessaire pour y arriver ?

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8 Replies to “Faut-il vouloir tout contrôler ?”

  1. Jolie présentation!

    Pour prévoir le chaos : il existe une méthode simple : planifier le pire, et faire au mieux. Le résultat serait forcément au dessus de nos projections.

    Dit autrement : « Qui veut la paix prépare la guerre »

  2. Encore un article riche à méditer, merci Damien!

    Gunday, je ne suis pas d’accord avec toi: j’ai vécu 25 ans avec une personne qui avait ce genre de raisonnement, et en fait, avec les années,est devenu de plus en plus pessimiste, défaitiste, et insatisfait.

    Je suis plutôt pour, sans bien entendu écarter les éventuels problèmes qui pourraient survenir, à voir les choses positives et partir sur un objectif en me disant « OUI, C’EST SUPER CA VA MARCHER! »

    Et bien souvent je me suis rendue compte que j’arrivais au bout de mon projet mais pas forcément de la façon prévue au départ. C’est là comme tu dis Damien, qu’il faut laisser aussi la place au « Chaos », et petit clin d’oeil de la vie, c’est même souvent mieux que ce que j’avais prévu !
    Elle est pas belle la vie??
    C’est vrai, la maîtrise de soi, de son corps, et par là, de sa vie, c’est le plus beau cadeau qu’on puisse faire à soi même, mais combien il est difficile de lutter contre sa paresse intrinsèque! Et pourtant celui qui maîtrise lui-même, maîtrise aussi le monde, comme tu l’expliques si bien !
    Merci encore Damien, et bonne journée à tous!

  3. Concernant la vision négative des projets, je l’ai depuis un long moment, et elle a un énorme avantage : il est difficile de me surprendre.
    Quand j’ai demandé un prêt pour de l’immobilier locatif à la banque, je suis venu avec une simulation, où j’avais le coût du prêt, mais pas les loyer. Le but étant de démontrer qu’avec ma capacité d’épargne je pouvais assurer le prêt sans problème.
    C’est ainsi que j’ai dépassé les 33% d’endettement.

    Sur un projet que j’ai dans le futur (un gros projet, qui commencera concrètement dans 5 ans au mieux), je suis actuellement en cours d’étude pour résoudre les zones de risques étape par étape. (l’emprunt locatif faisait partie de la résolution d’une partie des risques).
    Ce qui est négatif pour beaucoup se traduit pour moi en une liste de tâche, qui s’agrandit de jour en jour.

    1. @Josye98 et @Gunday : Je trouve votre échange très intéressant, je pense à mettre dans les bacs un article qui traitera de ce sujet genre : S’attendre au pire ou au meilleur, quelle attitude est la plus efficace ?

      Faut juste me laisser le temps de faire de sérieuses recherches, rassembler ma propre expérience et mettre tout ça au propre. 🙂

  4. Très beau sujet Damien, très agréable à lire 🙂

    Cela dit…ta rhétorique jongle entre les termes « contrôle » « maîtrise » et « gestion » sans les différencier!

    -Contrôle vient du latin « contrarotulum » ou « contre rouleau » c’est à dire le fait de toujours garder un double du manuscrit original.

    -Gestion vient du latin « gero » qui prends le sens de porter, garder.

    -Et maîtrise, « magister » celui qui dirige (ou enseigne.)

    Ton « contrôle » ne saurait résumer toutes les démarches de prise de pouvoir tant critiquées par les masses. Ces masses ne font-elles pas la confusion par ignorance en rejetant toute responsabilité en bloc?
    Et toi en faisant l’amalgame entre ces trois définitions et en les acceptant toutes, ne fais-tu pas un contre-poids réactionnaire? :p

    Bon, à part cette réserve, ta conclusion me semble très juste, « Vous le devez à vous même » (en même temps tu prêches une convertie)
    Mais on s’y retrouve!

    [Et c’est si bon de s’y retrouver…dans le parfum de mépris qui colore ta si belle description du personnage archétypale du « gentil »…Ce vieux résidu des tragédies grecques d’antan! Burn them all!!! wouhouuuuuu!!!]

    1. Merci LovelyCatharsis pour ces précisions très pertinentes.

      Mon amalgame est loin d’être volontaire, simple souci de varier le vocabulaire dans mon article, mais il n’empêche que je retrouve ma philosophie dans les 3 étymologies que tu détailles :
      – Contrôle : toujours garder un double, m’évoque la nécessité de « back-up » personnel, de redondance.
      – Gestion : porter, garder… son corps en l’entretenant, son esprit en l’affinant, ses souvenirs peut-être aussi ?
      – Maîtrise : diriger, enseigner. Se diriger soi-même et servir d’exemple, inviter à une saine déviance en revenant vers Soi.

      Merci pour ton commentaire, à bientôt sur un nouvel article peut-être. 🙂

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