Savez-vous « jeûner le ventre plein » ?

Cette expression contradictoire m’est venue à l’esprit alors que je passais par la phase d’ajustement du Fast-5.

Le mode de vie Fast-5 consiste à jeûner environ 19h tous les jours. Je ne mange que dans une fenêtre située entre 17h et 22h.

Lors des deux premières semaines de ce programme, sitôt que s’ouvrait ma fenêtre alimentaire, je me goinfrais à n’en plus pouvoir. Cette frénésie prévisible est vécue par la grande majorité des pratiquants du jeûne intermittent et à tendance à s’apaiser avec le temps, mais c’est tout de même une expérience assez inquiétante à vivre par moment.

Ce manque de maîtrise de soi, cet abandon à la faim limbique lorsque l’on vient l’heure de briser le jeûne, est une prise de contrôle des cerveaux « primitifs » sur notre raison.

• La cacahuète qui rend idiot

Notre esprit, à l’image d’un courant aquatique, possède une forte inertie : plus on pense et agit d’une certaine façon et plus il est difficile d’aller à contre-courant.

Réussiriez-vous à ne manger qu’une cacahuète face à un bol qui en est rempli ?!

J’étais justement en train de m’empiffrer comme un porc (et pas avec des cacahuètes…) quand m’est soudainement venue cette idée : « Et si j’essayais de m’arrêter… juste un instant ? Et si je me mettais à jeûner aussi le ventre plein ? « 

Après tout, tout va très bien. Mes apports nutritifs sont comblés et je n’ai aucune raison de donner crédit aux inquiétudes infondées concernant le jeûne.

Mon corps s’est bien adapté, jeûner la journée est maintenant facile.

Pourquoi n’essaierais-je donc pas de reporter un peu de cette discipline récemment développée sur ma fenêtre d’alimentation ?

Juste essayer, attendre un peu au lieu de se resservir après avoir fini une bonne assiette.

Poser sa fourchette. Respirer à plein poumon. Ouvrir un livre, aller marcher, peu importe… se déconnecter ! Passer à autre chose… juste un petit quart d’heure… mettre ces cacahuètes hors de vue. 😉

Une fois libéré du courant mental qui nous emportait nous nous étonnons de la facilité avec laquelle nous pouvons revenir, quelques minutes après, les idées claires, avec le choix conscient de continuer à manger ou non.

• « Jeûner le ventre plein » c’est stopper volontairement une série d’actions en chaîne

Pour se rappeler que NOUS avons le pouvoir, que nous avons un libre-arbitre et qu’il est jouissif d’en rester maître.

Jeûne le ventre plein c’est aussi :

  • s’arrêter au plein milieu d’un travail stressant pour aller s’étirer et prendre le soleil. Nous serons plus performant après.
  • éteindre la télévision quand vient une page de publicité, et peu importe ce qu’il adviendra de Kelly et de Stephen dans la seconde partie de l’épisode.
  • limiter consciencieusement ses dépenses même si on vient de recevoir une prime, voire même si nous venons de gagner au Loto, la quantité ne devrait pas encourager l’inconscience.
  • poliment refuser un verre (ou un pétard) quitte à se sentir un peu seul, mais avec cette solide fierté intérieure d’aller à contre-courant et de prendre soin de soi.
  • laisser quelques souvenirs derrière soi au lieu d’en accumuler d’avantage, pour mieux leur rendre honneur et accueillir l’avenir à bras ouverts.
  • attendre encore un peu avant de l’embrasser

A quelles autres actions pourrions-nous aussi attribuer l’expression « jeûner le ventre plein » ? 🙂

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12 Replies to “Savez-vous « jeûner le ventre plein » ?”

  1. Ouai ben te contrôler quoi!!! Même quand tu es très fatigué tu dois te dire que ce n’est pas la mort et qu’il faut attendre ta #$£°@ de fenêtre de $#°@ avant d’ouvrir ton gosier pour manger un morceau!!

  2. Finalement, ça me fait penser à quelque chose : Nous ne vivons pas pour manger, mais mangeons pour vivre.
    C’est faire face, quelque part, à ses « Caprices ». L’esprit doit savoir dire non à son corps, n’est-ce pas ? C’est aller à l’essentiel, sans détours inutiles. Après, tout dépend de qui « Je » suis et de ce que « Je » veux devenir. Mais c’est une belle façon de combattre cet instinct passif du « Crocodile ». Je connais tes goûts pour le transhumanisme… ne serait-ce pas là une manière de transcender cet « état de chair » ? Et, par là même, atteindre un éveil ? En tout cas, ça m’a l’air d’être un moyen pratique et efficace. Mais tous les chemins mènent à Rome. Je pense que c’est une façon « hygiénique » de surpasser le propre « Moi » et d’atteindre cet éveil ou état de conscience, ça dépend de ce que l’on recherche…

    Pour ma part, j’adhère ! Il ne me manque plus que le courage (« volonté » serait plus approprié peut-être ?) de m’y atteler. Allons boire un café et discutons-en !

    En tout cas, merci pour cette belle leçon !

    1. Bienvenue Shaegoth et merci pour ton commentaire.

      Cependant nous semblons êtres sur des chemins et interprétations très différents.
      Nulle question de combattre mes instincts et encore moins d’atteindre un « éveil » en reniant la chair.

      C’est parce que je veux jouïr de mes sens, de la terre et de la chair que je développe ma volonté sur mes « caprices » comme tu le dis si bien. J’apprends, petit à petit à déceler ceux qui sont inoffensifs de ceux qui peuvent me porter tort à long terme.

      Quant au transhumanisme, là aussi, c’est mon amour pour la matière et l’existence qui m’y oriente. Changer de corps comme on change de vêtements, accroître son intelligence, expérimenter et goûter à des sens encore non accessibles. Faire l’amour avec des sons ou des couleurs. La synesthésie au quotidien, avec maîtrise. 😉

      1. Il est vrai que ce sont des chemins différents.

        Mais ton point de vue sur le Jeûne m’a fait penser à ce jeûne bouddhique, qui est conçu comme une mise en condition physique destinée à alléger l’esprit et à améliorer la concentration. Un moyen d’être en accord avec soi-même et, du même coup, avec l’Univers.

        J’adhère, en partie, avec ce que tu dis « C’est mon amour pour la matière et l’existence qui m’y oriente »… j’aurais tendance à m’orienter vers l’existentialisme et, d’une certaine manière, être en phase avec moi-même. Mais c’est tout toujours plus facile d’en débattre que de l’appliquer.

        En tout cas, merci pour tes lumières. J’y verrais un peu plus. 😉

  3. Et bien moi je vis cela  » jeuner le ventre plein  » avec mes enfants, au travers de mes attitudes éducatives. Je suis dans un certain conditionnement dans certaines de mes réactions, et j’essaie/j’arrive parfois à me stopper, faire une pause et réfléchir pour agir vraiment selon MES envies, et pas forcément celles de mes propres parents ou de l’attente de mon conjoint. ( même si bien sûr, j’en tiens compte).
    Pour en revenir au jeune et à la faim limbique, je suis en plein dedans. J’ai trouvé assez facile de m’adapter au Fast-5, et je trouvais même que je mangeais trop, encore au delà de ma faim. Alors, je me suis mis en tête de passer à un seul repas par jour (+ éventuellement une petite collation en cas de grosse faim ou d’occasion sociale) et donc raccourcir la fênetre. Je ne suis pas encore passée à l’acte, mais je sens que mon mental fait une grosse résistance et me fait manger sans faim, parfois fors ma fênetre de 5 heures.
    Ce qui est assez intéressant, c’est que je suis consciente de ce qui se passe et que du coup, je sens que je vais pouvoir apprivoiser cette peur.

    1. Je ne nie pas l’intérêt de l’expérience ma chère Adeline, mais tu as commencé le Fast-5 il y a peu, moins de deux semaines si je ne m’abuse.

      Vouloir déjà raccourcir ta fenêtre me semble un peu prématuré… c’est normal de trop manger les premières semaines lorsque la fenêtre s’ouvre… ton appétit va se modérer de lui-même à mesure (et encore ça dépend des jours, quand j’ai mal dormi par exemple je brise mon jeûne un peu plus tôt).

      Si c’est parce que tu veux accélérer les résultats là aussi ce n’est pas une solution recommandée.. mieux vaut y aller en douceur pour ne pas brusquer le corps.

      Voilà, mes petits conseils à deux balles mais… sois prudente tout de même, ne verse pas vers l’anorexie ! C’est pas le but. :/

  4. Pas de souci à ce niveau là ; je disais juste que j’imaginais qu’à l’avenir, une fois la période d’adaptation passée, je me retrouverais sûrement à moins manger, ni plus ni moins que ce dont mon corps a vraiment besoin. pour le moment, les besoins du corps et de l’esprit ne sont pas encore en harmonie.

  5. Hep Damien, Je viens de découvrir ton blog, qui est plutôt délire 😀
    Mais dis moi… tu vas rester à vie avec ton nouveau mode d’alimentation, ou tu comptes reprendre tes 3 repas par jour une fois ton objectif atteint?

    1. Hello HS ! Merci pour ton commentaire. 🙂

      Pour te répondre, je me sens aujourd’hui très bien adapté à ce mode de vie et je me sentirais naturellement capable de continuer à vie en effet, comme beaucoup d’autres le font déjà.

      Ainsi je pourrais profiter des bienfaits de la restriction calorique qui m’aidera à éviter de vieillir prématurément et de développer des maladies graves (Alzheimer, cancers, etc).

      Après je verrais, si je perds trop de poids par exemple je ré-ajusterais tout ça et m’autoriserais à manger un peu plus, on verra, j’en suis pas encore là… je vous tiens au courant. 😉

      A bientôt j’espère.

      1. Non mais j’imagine qu’au bout d’un certain temps, tu vas pas éternellement maigrir, et que tu arriveras a un poids de stabilisation, même en continuant cette méthode?!

        En tous cas, je viens de comprendre que tes « performances pas terribles » en karting viennent probablement de ton manque d’énergie dû au jeûn ! mwarffff 😀

        1. Namého ! Je vois pas de quoi tu parles par « performances pas terribles » ! C’est Kevin qui m’est rentré dedans en début de course ! >< lol Trève de plaisanterie j'avais la patate ce jour là, contrairement à ce qu'on pense jeûner (moins d'une semaine d'affilée) ne réduit ni les performances physiques ni l'acuité mentale ! Nos ancêtres auraient été bien dans la merde sinon durant leurs longues campagnes de chasse. Je te recommande de lire l'article sur les 10 idées fausses de la nutrition qui approfondissent ce sujet. 😉

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