Faut-il laisser ses souvenirs derrière soi ?

Note : cette photo est téléchargeable par qui veut en grande résolution, il suffit de cliquer dessus. 😉

« Mais qu’est ce que je vais bien pouvoir faire de ce truc encore ?! »

Grand sourire hypocrite. A haute voix ça donne : « Waaaah excellent ! Tu as eu une idée de cadeau gé-niale ! »

Ca vous est déjà arrivé ?

Moi oui…

Mais pas tant que ça si je fais une sérieuse rétrospective. Mes amis ont souvent su m’offrir des petites marques d’attention hautes en symbolismes et que j’ai sincèrement apprécié.

Et c’est là qu’est le vrai souci. Pour vivre avec 100 objets je n’aurais aucun scrupule à balancer des babioles sans intérêt. Mais quand chaque don que j’ai conservé signifie réellement quelque chose pour moi, le défi devient plus complexe… et intéressant !

Dans la vidéo que j’ai posté la semaine dernière vous avez pu voir une mise en scène d’un ensemble de mes souvenirs et cadeaux dans le salon de mon ancien appartement. J’avais aussi annoncé que j’allais trouver un moyen pour… m’en débarrasser ! Vraiment ?! Ne serait-ce pas manquer de respect envers mes amis ?!

Oh je pourrais tricher et dire que TOUS mes souvenirs comptent pour un… une amie m’a récemment dit qu’elle allait réussir mon défi des 100 objets facilement… le fait est qu’elle compte l’ensemble de sa garde-robe pour UN objet ! ^^ Je n’ai pas l’intention de contourner les règles que je me suis déjà fixé, je n’ai pas le choix, je vais devoir vivre sans ces souvenirs… comment ?

Commençons d’abord par jeter un regard neuf sur…

• L’histoire d’un cadeau

Il y a trois façons de traiter un nouveau présent :

  1. Le garder en vue dans une pièce si il est utile ou esthétique (ex: marmite à riz dans la cuisine, tableau dans le salon, etc.)
  2. Le stocker avec d’autres souvenirs… au cas ou on aurait envie de le revoir un jour
  3. S’en débarrasser en le jetant, le revendant ou l’offrant.

Problème de la solution n°1 : A force de faire parti du décor le cadeau perd au fil du temps sa valeur symbolique. Il devient « une » marmite à riz, « un » tableau, etc. On en oublie à force les origines et les souvenirs associés. C’est même à peine si on remarque sa présence par la suite. N’avez-vous pas dans votre chambre des babioles que vous n’observez vraiment que rarement ?

Problème de la solution n°2 : Sitôt placé dans un carton ou dans le cellier, la mise en bière mémorielle est scellée. A quoi bon conserver quelque chose que l’on ne veut même pas apprécier dès aujourd’hui ? Tout ce qui est repoussé à plus tard pour cause de « au cas ou » n’est jamais utilisé par faute de mémoire ! Combien de fois avez-vous redécouvert avec surprise que vous possédiez déjà ce qu’il vous fallait dans votre cave/grenier/cellier alors que vous pensiez à en racheter ?

Problème de la solution n°3 : Il n’y en a pas. Si la séparation est préméditée c’est que ce n’est pas un cadeau à valeur sentimentale. Il n’évoque rien, il ne réveille rien…

• Où vivent les souvenirs ?

Ni dans le placard, ni sur la bibliothèque, ni dans aucun lieu physique que ce soit à vrai dire… les souvenirs existent uniquement quand on les rappelle, ce qui ne peut se produire que dans notre tête, et dans l’instant cadeau-présent !

Et c’est bien là au fond le rôle d’un cadeau : servir d’ancre psychologique, de déclencheur à souvenirs.

Quand vous offrez quelque chose à un ami, quelle est votre intention fondamentale ? Lui faciliter la vie avec un objet utile ? L’encombrer matériellement ? Le combler sentimentalement ? Pensez-y avec honnêteté. Je parle de ces cadeaux que vous faites de tout votre coeur, pas par obligation familiale ou saisonnière (noël, anniversaire, etc.).

Faire un don au final revient à dire : « Je ne t’oublie pas… ne m’oublie pas ! »

Et nous utilisons des représentations matérielles pour symboliser la relation spéciale que nous avons avec cet individu, comme si nous avions besoin entre êtres humains de nous rassurer mutuellement de nos sentiments respectifs.

Chacune de ses petites touches d’attention sont alors comme une partie de l’autre qui reste avec nous. Se détacher de ces symboles mentaux reviendrait intérieurement à rompre une amitié. Ou est le problème au final ? Dans le sentiment de culpabilité, celle d’avoir refusé une tradition sociale, d’avoir brisé un lien…

Nous vivons pourtant dans une époque pareille à nulle autre. Un âge ou il devient plus sage de construire sur les Nuages que sur du roc, n’en déplaise aux écrits bibliques. Une ère ou les êtres conscients et la société elle-même et ses valeurs se transforment plus rapidement que jamais. Des temps pleins de promesses qui pourraient nous permettre, avec sagesse de…

"Mon prééccccciieeeeeeeux !"

• Traverser les Ages

Toute matière est périssable.

L’information, volatile, est potentiellement éternelle.

Pour conserver les souvenirs qui représentent le plus pour moi j’ai passé des heures à les photographier et les scanner, un par un, pour les conserver à la fois sur mes disques durs, mais aussi sur des espaces de stockage en ligne sécurisés.

Cette démarche me permet de les visionner à volonté, et de réactiver les souvenirs associés de manière volontaire et de retrouver le plaisir de la connexion psychique avec mes amis durant des moments de quiétude choisis.

Je vous parlerais plus en détail de ces outils de dématérialisation dans le prochain article. Inscrivez-vous à ce blog si ce n’est pas encore fait pour ne pas le louper : par e-mail ou par flux RSS.

Numériser ces objets chers à mon coeur ne les ont pas fait disparaître non plus pas enchantement ! N’ayant aucun désir de les détruire, et souhaitant les retrouver dans un futur lointain, je les ai placé dans un carton protégé du mieux que j’ai pu et désormais stocké dans le cellier familial.

Lorsque le moment sera venu j’expédierais cette capsule mémorielle dans un endroit très précis que je ne souhaite pourtant rejoindre pas avant trèèèès longtemps…

En dire davantage reviendrait à dévoiler d’un coup une immense partie de ma personnalité « secrète » qui sortirait allègrement du cadre de ce blog. 😉

L’important pour moi est de savoir que ces souvenirs traverseront le temps sans encombre et alors que j’aurais accompli mes projets à très long terme je pourrais un jour poser un oeil plus mature sur ceux-ci, faire couler mes doigts agés sur ces cahiers secrets, ces douces peluches… et activer ces compact-discs archéologiques avec une émotion qui vaudront tous les souvenirs du monde…

Si vous faites parti de ceux qui m’ont offert un cadeau, essayez de retrouver le votre dans la photo du haut !

Pour les autres je serais intéressé de connaître votre réaction face à ma démarche ainsi que votre relation propre avec les cadeaux-souvenirs. Les revoyez-vous souvent ? Pensez-vous pouvoir vivre sans ?