Vous ne connaîtrez plus la peur. Technique Bene Gesserit.

« Je ne connaîtrai pas la peur car la peur tue l’esprit.
La peur est la petite mort qui conduit à l’oblitération totale.
J’affronterai ma peur.
Je lui permettrai de passer sur moi, au travers de moi.
Et lorsqu’elle sera passée, je tournerai mon oeil intérieur sur son chemin.
Et là où elle sera passée, il n’y aura plus rien.
Rien que moi. »

La Litanie contre la Peur est une commande mentale tirée de cette oeuvre majeure de science-fiction qu’est la saga Dune de Frank Herbert.

Dans cet univers futuriste aux accents féodaux, une secte pluri-millénaire appelé Bene Gesserit à développé des techniques de programmation neuro-linguistique, d’hypnose et de maîtrise corporelle à un point tel que les profanes surnomment ses adeptes « les Sorcières ».

(Crédit photo)

Bien que provenant d’un récit fictif, la Litanie, si elle est employée avec conscience, peut se révéler un outil immédiatement applicable par tous pour dépasser non seulement ses peurs mais tout type de blocage émotionnel.

Pour le prouver, nous allons examiner ses vers, que je me suis permis de remanier légèrement en me basant davantage sur la version originale et en les conjuguant au temps présent, pour les rendre plus efficace.

• Je ne dois pas me laisser aller à la peur car la peur tue l’esprit.

La traduction française dit « je ne connaîtrais pas la peur » alors que la version originale déclare « je ne dois pas avoir peur ».

La nuance est de taille. Je ne peux pas m’empêcher de RESSENTIR la peur, de la connaître. Mais je peux en revanche choisir de ne pas entretenir la peur, de ne pas me laisser posséder par elle.

« Je dois » ou « je ne dois pas » sont typiques des codes moraux religieux ou d’éthique personnels. Lorsque je répète que « je ne dois pas » succomber à la peur, j’affirme un principe moral auquel j’adhère qui me rappelle que je me suis engagé à défendre coûte que coûte ma faculté de percevoir le monde avec clarté : mon esprit.

Remarque intéressante : le cerveau ne connaît pas la négation. La formule « je ne dois pas » ne serait donc pas optimale.

Bien au contraire cependant, dans le cadre de la Litanie, employée pour reprendre pouvoir sur un phénomène qui a déjà commencé à me dépasser, cette reconnaissance sert à provoquer la peur manière insidieuse… pour mieux la détourner ensuite !

• La peur est la petite mort qui conduit à l’oblitération totale.

Ma raison, cette faculté de l’esprit de me savoir différent de l’univers sert mon identité, mon existence.

Elle est mon moyen de survie. Grâce à elle je tire leçon du passé, je projette un futur qui me plait et étreins un présent sur lequel je tente d’accorder, à juste titre, toute mon attention immédiate.

Si j’autorise à une force irraisonnée extérieure (une autorité tyrannique) ou intérieure (une crainte infondée) d’avoir pouvoir sur ma faculté de perception du monde, je signe mon arrêt de mort mental.

Je plonge alors dans la confusion et les réactions de type auto-pilote. Vous savez ? Lorsque l’on dit que « c’est plus fort que moi » et que l’on regrette d’avoir agit inconsidérément…

Agir sans lucidité fait de moi l’égal d’un animal s’agitant jusqu’à épuisement dans des compulsions maladroites voire dangereuses.

• J’affronte ma peur.

Tel un judoka expérimenté j’ai accompagné ma peur dans les deux premiers vers. Je l’ai reconnue, je l’ai révélée, elle ne peut plus se cacher de mon Oeil intérieur.

Il est temps maintenant de lui faire face.

D’où vient-elle ? Qu’elle est la cause extérieure qui a créé cet engrenage intérieur ?

Je dois la démasquer, la traquer impitoyablement. Pour se faire je peux la rédiger, la dessiner, lui donner forme, la dompter sur le papier pour mieux la contempler avec courage.

Ce faisant je jette une première ébauche d’un plan d’action futur pour l’éradiquer à tout jamais.

En disant que « j’affronte MA peur » je la fais mienne. Je prends donc une responsabilité absolue sur ce que je vais en faire, je ne la rejette pas sur un autre.

Je m’autorise alors à avoir pouvoir sur elle, et non l’inverse.

• Je lui permet de passer sur moi, au travers de moi.

Voici le coeur de la Litanie.

La permission est un processus sensitif, corporel, presque sensuel.

Après avoir exorcisé ma peur par la parole (en déclamant la Litanie) ou par écrit (sur mon Grimoire) je place ensuite toute mon attention dans mon corps physique.

Ou se terre ma peur ? Dans quelle partie de mon être est-elle coincée ? Une boule dans la gorge ? Une asphyxie dans ma poitrine ?

Allez… fais ton chemin. Je te permet d’être là, dans mon corps, je ne résiste plus, tu peux prendre plus d’espace si tu veux, je n’ai plus peur de toi ma peur.

• Alors qu’elle s’en va, je tourne mon oeil intérieur sur son chemin.

Ancrée dans le présent, dans ma chair, dans ma respiration, et étant attentif aux déplacements de la sensation attribuée à ma peur, je constate au bout de quelques temps (secondes ou minutes selon ma capacité de lâcher-prise) que celle-ci s’évanouit.

Peut-être en un pouf ! surprenant, mais la plupart du temps en une « évaporation » subtile qui me laissera plus léger après coup.

• Et là ou elle est passée, il n’y a plus rien.… Rien que moi.

Je garde mon oeil intérieur fixé sur mes sensations et mes pensées.

Je remarque alors que le vide s’est fait en moi.

Un vide plein de Rage sourde, de joie potentielle.

Un vide plein de Moi.

Prêt à l’action.

• La Litanie contre tout obstacle

Notez bien que la Litanie est une commande mentale.

Et on ne devient pas commandant en un jour.

Commencez par discipliner votre esprit, peut-être en vous habituant avec des techniques plus simples comme l’Arrêt Mental. A force vous gagnerez en assurance sur votre capacité à contrôler ce qui se passe en vous.

Ne vous empêchez pas cependant d’expérimenter dès à présent le pouvoir de la Litanie en remplaçant par exemple le mot « peur » par votre plus gros obstacle émotionnel du moment.

Quel est-il ? L’attachement au passé ?
La faim peut-être si vous commencez le jeûne ?
Ou bien la colère ? La déprime ? L’inquiétude ?

Petit exemple avec cette dernière :

Je ne dois pas me laisser aller à l’inquiétude car l’inquiétude tue l’esprit.
L’inquiétude est la petite mort qui conduit à l’oblitération totale.
J’affronte mon inquiétude.
Je lui permet de passer sur moi, au travers de moi.
Alors qu’elle s’en va, je tourne mon oeil intérieur sur son chemin.
Et là ou elle est passée, il n’y a plus rien.… Rien que moi.

Essayez donc. Avec ce qui menace le plus votre raison en ce moment.

Soyez patients. Écoutez vos sensations. Répétez la Litanie plusieurs fois de suite si besoin.

Vous êtes seul Maître de vous, ne l’oubliez jamais.