Il n’y a rien de plus chiant que le minimalisme

Résumé : prendre soin de soi n’est pas très excitant… tout du moins les premiers temps !

Quand on y pense, nous grandissons avec l’idée que nous sommes imparfaits. Incomplets.

Il nous faut un diplôme. Il nous faut un travail. Un copain, une copine pour se sentir attirant. Des vêtements, juste comme il faut pour être accepté, mais juste comme il faut aussi pour exprimer notre unicité.

Il nous faut plus de temps. Toujours plus de temps pour voir nos séries télé, jouer à nos jeux, sortir et tenter de s’amuser. Nous sommes persuadés qu’il nous faut plus, pour simplement vivre.

Nous vivons dans la culture du toujours plus.

Comme si le bonheur était à un cran d’un simple petit plus… juste ce petit plus… et cette fois ça sera bon ! Promis ! Je serais heureux !

Mais le futur ne vient jamais, et le bonheur, constamment repoussé dans un futur rempli de plus ne s’accomplit jamais non plus.

Il est normal dès lors que la philosophie minimaliste soit quelque peu considérée comme une sous-culture, voire une rébellion.

Etre heureux maintenant

Sans rien acquérir ? Sans rien faire de plus ? Impossible !

Aujourd’hui est chiant car je n’ai pas tout ce que je désire.  Accepter aujourd’hui tel qu’il est c’est accepter l’idée que j’ai déjà tout ce qu’il me faut.

Une idée en totale antinomie avec notre éducation d’incomplétude.

Nous dépendons tellement de nos jouets (gadgets, voiture, maison, famille et amis…) pour définir l’idée que nous avons de nous même qu‘il nous parait presque mourir en lâchant-prise sur ces béquilles à égo.

Nous nous accrochons à cette idée de dépendance à l’autre (humain ou objet) comme source de notre bonheur, ne remettant ce conditionnement que dans les cas de crise les plus profondes.

Attendrez-vous de perdre vos repères pour vous accorder de nouveau une pleine attention ?

Invoquer le Vide

Nul besoin d’attendre un bouleversement dans notre quotidien ou une crise morale pour ouvrir les yeux devant ce Vide inconfortable que nous tentons de combler à tout prix.

Le Chaos est maîtresse impitoyable. Mais le Vide, discret enseignant, peut nous apprendre tout autant si nous cessions d’en avoir peur.

Nous fuyons l’ennui comme si il était le mal suprême. Peu de nos contemporains sont capables aujourd’hui de s’asseoir, les yeux fermés, et d’écouter ce qui se passe.

C’est trop chiant, diraient-il.

Ca manque de piment. D’aventure. De passion.

Ca « manque ».

Or améliorer sa vie passe nécessairement par une phase d’écoute, d’analyse, d’observation objective au possible.

Oui, c’est « chiant » de faire assidument ses comptes.

Oui, c’est « chiant » de méditer.

Oui, c’est tout aussi « chiant » de jeûner ou d’améliorer son alimentation.

Prendre en main sa vie, arrêter de courir et éliminer le superflu c’est rejeter l’addiction du plus pour appréhender la philosophie du moins.

Et ce chemin nécessite d’affronter son propre Vide, son propre ennui. Mais ce n’est qu’en accueillant pleinement ce Vide intérieur que l’on peut comprendre ce qu’il tente de nous dire depuis tout ce temps. Comprendre ce qui nous manque réellement au lieu de nous éparpiller dans une vaine chasse aux chimères.

Dans cet espace qui s’élargit et qui nous terrifie au premier abord, nous permettons alors, petit à petit, d’y laisser éclore de nouveaux concepts, de nouvelles pratiques.

Une nouvelle vie qui nous aurait paru bien ennuyante il y a quelques années à peine, et qui aujourd’hui nous parait bien pleine… de sérénité et de Rage de vivre.

Quand avez-vous fuit le Vide pour la dernière fois ?
Que vous chuchote l’Ennui lorsque vous lui tendez l’oreille ?

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12 Replies to “Il n’y a rien de plus chiant que le minimalisme”

  1. Salut Damien,

    Superbe article, vraiment ! Toute la philosophie du minimalisme (et son intérêt) est synthètisée ici.

    Le manque de temps est vraiment le mal de notre siècle et, si l’on en arrive à un tel engouement pour le minimalisme, ce n’est pas pour rien.

    Tu l’as très bien dit, que souhaitons-nous combler par nos multiples occupations si ce n’est le vide…

    Aujourd’hui nous avons peur de nous ennuyer, pourtant, les pédopsychiatres le disent eux-même : c’est important qu’un enfant s’ennuie.

    Il en va de même pour l’adulte qui n’est qu’un grand enfant 😉

  2. et bien, j’apprécie énormément tes derniers articles, et celui ci ne déroge pas !

    Quand avez-vous fuit le Vide pour la dernière fois ?
    ===> et bien il y a une demi heure 🙂 un bébé s’était endormi dans mes bras, et mes pensées se bousculaient : il faut que je fasse ceci, je devrai être en train de faire cela, ect … tu vois le truc … et j’ai réussi à chasser toutes ces pensées les unes après les autres pour arriver à me calquer sur la respiration du bébé, à fermer les yeux moi même et à être juste là … à porter ce bébé.

    Que vous chuchote l’Ennui lorsque vous lui tendez l’oreille ?
    ===> que c’est un doux cocoon

    Et tu vois, j’ai bien du mal à n’aller sur l’ordi que le matin car à l’heure ou je t’écris, c’est le soir 🙂 difficle de se défaire d’automatismes

    1. Je me souviens quand j’étais ado, on avait l’habitude de garder le bébé de nos voisins. C’est incroyable comme leur sommeil est contagieux. J’ai fais des siestes les plus reposantes auprès de la petite après avoir fait le pitre pour la faire rire. Comme si cette toute-petite me rappelait, indirectement, à ma propre petite enfance ou j’arrivais à dormir facilement et profondément (un problème que je règle en ce moment…).

      Bon à coté de ça s’occuper d’un enfant c’est tout de même beaucoup de responsabilités et de travail. Je m’entends bien avec les petits, mais de là à devenir papa moi-même, non, c’est pas ma vocation. lol

      PS : au lieu de tenter de te défaire d’une habitude, essaie d’en crééer une nouvelle en remplacement peut-être ? 😉

  3. Super l’article! Le problème que j’essaye de résoudre depuis 1 an! La dernière fois que j’ai fui le vide? Il y a 1 an. Que me chuchote l’ennui? Au début c’était : vie de merde. Mais il y a 2 mois de celà (seulement), j’ai profité du temps que j’avais pour m’occuper de choses que je repoussais sans cesse, aujourd’hui je me rend compte que j’ai beaucoup de choses à faire, trop, et que je ne peux que prendre le temps de les faire étapes par étapes. Mais je ne m’ennui plus à proprement parlé, je profite du temps où je ne sais plus quoi faire, ou je n’ai rien envie de faire, pour regarder la nature, faire une sieste, trainer avec les amis avec qui on ne fait rien non plus, ou même faire du sport. Je sais pas si c’est bien mais je me suis enfin retrouvé.

    1. On dirait que tu as traversé une sérieuse prise de conscience.
      Petits pas par petits pas… les grandes choses sont un ensemble de petites. 🙂
      Il n’y a que toi qui puisse juger au final si tu « perds ton temps » ou si tu « vis le moment présent », et ce, peu importe l’apparence que ton activité puisse avoir.
      Flâner, discuter de tout et de rien avec des gens que l’on aime, regarder le ciel… qu’est-ce qu’on s’en tape si ce n’est pas « productif » hein ?!! 😀
      Du moment que l’on VIT ce moment pleinement ce n’est pas une « perte » à mon opinion. 🙂
      Bravo à toi d’arriver à incorporer cette conscience dans ta vie quotidienne, c’est une leçon qui semble si peu évidente pour beaucoup de nos contemporains.
      Continue comme ça ! 🙂

  4. Merci beaucoup en tout cas pour vos retours sur votre appréciation de mes derniers articles.
    J’expérimente une façon d’écrire beaucoup plus spontanée que d’habitude et je suis ravi de constater que le message passe toujours bien. 🙂
    Merci encore ! 🙂

  5. Ah le vide, j’en rêve parfois! Je ne supporte pas d’être toujours occupée, j’ai l’impression de me perdre. Donc si le vide se présente, je plonge dedans avec délice…en essayant de ne pas entendre la petite voix de la culpabilité! Le vide pour moi c’est juste m’autoriser simplement à me relier au corps, à la respiration, à la beauté du souffle.
    Quant à l’ennui, comment peut-on s’ennuyer si l’on est vivant?
    Je te retrouve avec plaisir, je croyais que ton blog était toujours à l’arrêt. J’ai fait un tour sur le tumblr…Tu es fou Damien, et le monde manque de fous!

  6. Coucou Damien,

    Cela fait quelques mois maintenant que je me suis inscrite à ta newsletter, a la base je cherchais des infos sur la simplicité volontaire et le minimalisme, en fait surtout des témoignages de gens qui vivaient ça au quotidien, je cherchais de l’inspiration.. Je croid que j’ai du taper « vivre avec moins » un truc du genre et je suis tombée sur un article de toi qui parlais du défi des 100 objets, j’ai trouvé ca un peu fou et en meme temps vraiment génial et depuis j’ai parcouru ton site, un article renvoyant a un autre, j’ai vraiment trouvé de l’inspiration! J’en trouve à chaque nouveau texte que tu publie, peut importe si je suis d’accord ou pas avec tout, en fait ce qui me plait le plus c’est l’évolution (la progression aussi) que je ressens au fil du temps, ça se sent que tu ne passe pas ton temps a juste parler de toi ou de choses que tu as lu mais que derrière il y a du vécu, du combat, de la Rage de vivre oui… De l’Honnêteté. Et de plus en plus de sérénité. Donc c’est ça qui m’inspire le plus, c’est du concret, c’est vivant et pas juste virtuel!

    De mon côté, je la sens cette Rage de vivre, elle est malmenée et mise a rude épreuve, la plupart du temps par moi, je cherche à toujours plus me sentir vivante et je me rend compte combien je suis toujours plus plongée dans des activités qui m’endorment, des fuites… Nourriture, series TV, shopping (de fringues essentiellement) Et hop d’autres jours il y a des étincelles qui me réveillent, et je me raccroche comme une noyée à mes « bases », à la danse, au sport, aux aliments vivants et sains, à ce qui me fait vibrer positivement… A tes textes 🙂

    « Il nous faut un diplôme. Il nous faut un travail. Un copain, une copine pour se sentir attirant. Des vêtements, juste comme il faut pour être accepté, mais juste comme il faut aussi pour exprimer notre unicité. »

    Voilà ça c’est ce qui me pose un gros souci.. Que j’essaie de traiter actuellement. parce que par la force des choses depuis un an je vis dans 12 m² et je voulais en profiter pour me décharger du superflu, m’alléger du passé, ne plus vivre par conditionnement, or plus le temps passe plus je cède a des achats compulsifs de fringues, a chaque fois avec l’impression que ce vêtement va vraiment me rendre « différente », me rendre unique… Faire que les autres vont mieux m’accepter, me rester fidèles… Et voilà je ressors des magasins affaiblie, en argent certe (moi qui rêve d’économiser pour de vrais projets) en temps( je suis capable de trainer plusieurs heures dans un centre commerciale) et surtout je remplis les tiroires de vêtements que je ne portes pas toujours et qui ne me font pas sentir ni mieux dans ma peau ni plus vivante. Pour fuir ce vide intérieur.

    Oui je le ressens cet ennui, ce Vide… Et il me fait peur! Mentalement tout autant que physiquement. Et pourtant… il m’a chuchoté dernièrement de tenter un Saut en Parachute. Pour de vrai. Un truc fou, pour me dépasser.. ? Pour franchir une limite? Ou est ce encore ma recherche de sensations (parfois trop) fortes pour me sentir vivante?

    Hum j’ai trop écris lol. A la base je voulais surtout te dire un grand Merci sincère !

    1. Bonjour Tortue Sportive,

      Merci pour ton commentaire très émouvant qui m’a beaucoup touché.

      Je ne sais quoi vraiment te dire si ce n’est que tu me sembles bien en piste sur ton propre Raccourci Minimaliste. Percevoir ses moments d’inconscience c’est déjà devenir conscient. L’astuce consiste alors à s’en féliciter plutôt que de s’en culpabiliser. 😉

      Tu sais, ma vie, et le rapport que j’entretiens avec, est loin d’être au niveau auquel j’aspire. Souvent il me faut aussi affronter le Vide, la frustration, l’ennui parfois aussi. Ton commentaire est de ceux qui m’inspire tout comme j’ai pu inspirer aussi un peu autrui par mes articles. C’est donc à moi de te remercier d’avoir pris le temps d’écrire et de t’ouvrir ici.

      Un saut en parachute ça pourrait être une belle aventure ! (j’ai le vertige perso ce serait un monstrueux challenge ! ^^). Si tu le fais je serais curieux d’en lire ton témoignage.

      Néanmoins, une fois revenue sur terre et l’adrénaline passée, il te faudra trouver un moyen plus pérenne de te sentir vivante… autrement à multiplier les sauts c’est encore ton porte-feuille qui va raquer ! 😉

      Qu’est ce qui se passe là tout de suite dans ton corps ? Comment est ta colonne vertébrale ? Ta respiration ? Te sens-tu nouée ou détendue ? Ou ?

      Habiter son corps. Ultimement c’est ça être vivant.

      Accepter la réalité, même si celle-ci est « chiante ». C’est ça accepter le Vide. Et son Pouvoir.

      Je te souhaite le meilleur. 🙂

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